Comment va la vie dans votre ville?
Nous avons interrogé plus de 4 000 jeunes dans 27 villes d'Afrique de l'Ouest pour savoir ce qu'ils pensent de leurs villes.
Voici les premiers résultats.
En juillet 2020, nous avons interrogé plus de 4 000 jeunes dans 17 pays et 27 villes d'Afrique de l'Ouest pour savoir ce qu'ils pensent de leurs villes - ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas et ce qu'ils pensent devraient être les priorités de leurs gouvernements. Voici les premiers résultats.
Les répondants ont été identifiés au travers de Facebook, qui est utilisée dans la majorité des grandes villes de la région.
Les villes africaines en croissance rapide sont jeunes. Plus des deux tiers des habitants de certaines grandes villes du continent comme Lagos, Dakar, Accra et Abidjan ont moins de 30 ans. La façon dont ces villes, et des centaines d'autres, évolueront et apparaîtront dans 20 à 30 ans dépendra de la capacité de la jeunesse urbaine à exprimer leurs idées, leurs priorités et leurs visions sur la gouvernance de leurs villes.
Les Africains de l’Ouest aiment leurs villes
Les jeunes Ouest-Africains aiment de nombreux aspects de leurs villes. 79% pensent qu'elles permettent de se faire de nouveaux amis, 67% disent que les transports en commun sont pratiques et 58% conviennent que leurs villes sont intéressantes. Les jeunes hommes ont une perception légèrement plus favorable que les jeunes femmes.
L'attitude positive des répondants envers leurs villes était également visible dans les 2 780 commentaires qui ont été faits sur Facebook. La plupart d'entre eux ont montré un attachement considérable à leur ville.
La pollution, le bruit et les embouteillages...
Si les jeunes Ouest-Africains aiment leurs villes, ils y voient aussi des inconvénients. Comme dans d'autres villes du monde, ils évoquent le manque de logements abordables, le bruit et la pollution de l'air, les embouteillages et le sentiment d'insécurité.
Cependant, il existe des différences importantes entre les villes. 78% des interviewés à Accra (Ghana) et à Dakar (Sénégal) sont d'accord pour dire qu'il est "difficile de trouver un bon logement abordable" contre 19% et 25% à Kano (Nigeria) et Kumasi (Ghana), respectivement. De même, 93% des personnes interrogées à Conakry (Guinée) et 86% à Abidjan (Côte d'Ivoire) se plaignent des embouteillages contre 3% à Bouaké (Côte d'Ivoire) et 7% à Touba (Sénégal).
Un des facteurs expliquant ces différences est la taille des villes. En général, les jeunes Ouest-Africains des grandes villes mentionnent davantage d’inconvénients que ceux dans les petites villes. Au-delà de la taille, il existe d’autres différences entre les villes. Ainsi, Abuja est mieux notée en termes d’inconvénients, avec une la taille supérieure à la moyenne des villes de l’enquête.
Les jeunes femmes se sentent moins en sécurité que les jeunes hommes
Part des répondants qui se sentent en insécurité seuls dans les rues après la tombée de la nuit (%)
La perception des avantages et des inconvénients de la vie urbaine, varie en fonction du sexe. La différence la plus forte concerne la sécurité. En moyenne, la part des hommes qui se sentent ou non en sécurité quand ils marchent seuls dans la rue le soir est presque identique (41% contre 43%). L’écart est de 16 % auprès des femmes (35 % contre 51 %).
Emplois, toujours et encore
Le problème sur lequel les jeunes ouest-africains urbains s'accordent, concerne le manque d'emplois. En moyenne, moins d'un quart des personnes interrogées trouvent facile de trouver un bon emploi" dans leur ville. Dans deux villes (Lomé, Togo et Bissau, Guinée-Bissau), cette proportion est inférieure à 10 %. C’est seulement à Kano (Nigéria) et Kumasi (Ghana) que le pourcentage d’interrogés d'accord sur la facilité de trouver un emploi est supérieur à la moyenne.
Ceci n'implique pas que les villes ouest-africaines ne créent pas d'emplois. Au contraire, les opportunités d'emploi contribuent à l'attractivité des villes et à leur forte croissance. Le rythme de création d'emplois y est cependant dépassé par celui de la croissance démographique, soulignant les défis posés aux décideurs politiques. De plus, la qualité des emplois ne répond pas toujours aux attentes des demandeurs.
Les gouvernements locaux doivent s’affirmer
Le besoin urgent de créer plus d'emplois pour les jeunes en ville se reflète également dans les attentes envers leurs gouvernements. En moyenne, 72% des répondants déclarent que l'amélioration de l'économie est l'une des tâches politiques les plus importantes - environ 15 points de pourcentage devant la santé, priorité N°2.
Pour répondre à ces attentes, les gouvernements locaux des grandes villes ne doivent pas seulement mettre en place de meilleures politiques. Un élément tout aussi important est une plus grande responsabilité politique. Seulement 40% des jeunes ouest-africains interrogés pensent que leur vote aux élections locales influe sur la manière dont leur ville est gouvernée. La perception de la responsabilité est particulièrement faible à Abuja (Nigéria), Conakry (Guinée), Lomé (Togo) et N'Djamena (Tchad), où moins d'un quart des répondants pensent que leur vote aux élections locales peut faire une différence. Toutefois, à Sikasso (Mali), Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), Praia (Cap Vert) et Kenema (Sierra Leone), plus de 50% pensent que les élections locales peuvent influencer la gestion de leur ville.
Ce n'est qu’en étant à l’écoute des jeunes habitants que les gouvernements locaux pourront faire de leurs villes des lieux de vie attrayants dans le futur. Cela est vrai partout, mais encore plus en Afrique de l'Ouest où les jeunes constituent la majorité de la population.