L’emploi des jeunes et des femmes dans l’économie alimentaire


700 producteurs, transformateurs, commerçants, jeunes et femmes interrogés dans la région des Niayes, Sénégal

En partenariat avec le think tank Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), basé à Dakar, le CSAO a mené une enquête auprès de producteurs, transformateurs, commerçants ainsi que des jeunes et des femmes de la région des Niayes au Sénégal afin de produire de nouvelles données et de mieux comprendre l’économie alimentaire locale et la dynamique de l’emploi dans la région. L’enquête avait aussi pour but de mieux comprendre les opportunités d’emploi offertes aux jeunes et aux femmes, leurs contraintes et leurs aspirations. Cette enquête s’inscrit dans le cadre du travail du CSAO qui vise à soutenir les décideurs politiques dans la mise en œuvre de politiques destinées à soutenir la création d’emploi en Afrique de l’Ouest avec un focus sur l’économie alimentaire. Les premiers résultats de l'enquête sont présentés au sein des paragraphes suivant.

L’économie alimentaire : principal employeur des jeunes de la région des Niayes

Dans la région des Niayes, 64% des jeunes en emploi travaillent dans l’économie alimentaire. Près de la moitié d’entre eux (45%) évoluent au sein des segments non agricoles, en particulier au sein de la transformation et de la restauration hors domicile, qui comprend la restauration de rue. Les jeunes travailleurs de la région sont particulièrement actifs – plus de 33% des jeunes travailleurs occupent un second emploi et 41% des jeunes travaillent plus de 60 heures par semaine.

Une économie alimentaire dynamique

L’engagement des jeunes au sein de l’économie alimentaire s’inscrit dans un contexte d’urbanisation rapide et de demande alimentaire croissante dans les villes. La région des Niayes est un « hub » pour la production maraîchère au Sénégal (oignons, tomates, choux, autres fruits et légumes). Bien que la majorité des exploitations agricoles dans les Niayes soit de petite taille, l’orientation vers le marché est forte – plus de 80% de la production alimentaire des Niayes est destinée à la vente. 64% des producteurs enquêtés situent le consommateur final de leurs produits au sein de l’agglomération de Dakar qui est la capitale du Sénégal et 56% indiquent que leur activité s’est développée au cours des cinq dernières années. Ceci souligne la vitesse des transformations de l’économie alimentaire en cours dans les Niayes.

Une forte saisonnalité de la demande de travail et une forte mobilité des travailleurs

Dans la région des Niayes, 41% des jeunes travaillant au sein de l’économie alimentaire sont originaires d’une autre région du Sénégal et 7% d’un pays voisin. La saisonnalité au sein de la production agricole représente un facteur explicatif important de la mobilité – la part des jeunes travailleurs originaires d’une autre région est plus importante au sein de la production agricole qu’au sein des segments non agricoles des chaînes de valeur alimentaires. 

Les femmes dominent l’emploi dans les segments non agricoles de l’économie alimentaire

77% des femmes en emploi travaillent dans l’économie alimentaire dans la région des Niayes. Parmi elles, 63 % travaillent dans la commercialisation alimentaire, 2% dans la production agricole et 7% dans la transformation alimentaire.

Les femmes sont particulièrement présentes au sein des segments non agricoles : 98% des transformateurs interrogés dans la région des Niayes sont des femmes, contre 8% seulement chez les producteurs .

Dans ce contexte, les contraintes rapportées par les femmes transformatrices et commerçantes de la région revêtent une importance particulière. Les principales contraintes auxquelles font face les femmes entrepreneures pour le développement de leurs activités sont : la forte concurrence et les faibles prix de vente (30%), le faible accès au crédit (23%) et le prix des intrants (11%).

Les compétences dans l’économie alimentaire : adéquation entre demande et offre

L’enquête réalisée révèle que les producteurs, transformateurs et commerçants recherchent principalement des « soft skills » lorsqu’ils recrutent des jeunes. Seuls 9% des producteurs indiquent rechercher une formation ou un diplôme spécifique, mettant en évidence de potentielles inadéquations entre les formations proposées et les besoins des économies alimentaires locales.

Malgré la faible importance accordée à la formation du côté de la demande de travail, 59% des jeunes des Niayes sont désireux d’être formés sur des sujets liés à l’agroalimentaire. L'accès à des programmes de formation adaptés aux réalités des économies locales est crucial pour renforcer l'autonomie des jeunes et soutenir la transformation de l’économie alimentaire en cours dans la région des Niayes.